Us et coutumes.

Us et coutumes.

            Je me souviens, dans ma jeunesse, quand un célibataire de Marie voulait se marier, Que faisait-il ? Tout fringant dans son plus beau costume, il allait faire la cour à sa belle, tout frétillant, pimpant, attentionné. Et la belle tombait dans le panneau.
            À peine le mariage célébré, le nouvel époux retournait à sa campagne et sa jeune femme se retrouvait aux fourneaux, à la lessive, aux jardins potagers. À la tombée de la nuit elle se rendait à la place de la Mairie pour traire sa chèvre avant de préparer le repas du soir que le mari avalait en vitesse car les copains l'attendaient au bistrot « chez Rosalie » pour la partie de belote.  La « femme au foyer ? » s'occupait de tout ranger, parfois avait encore à bercer le bébé qui pleurait. Le dimanche, ils allaient à la messe tous les deux, pour lui l'apéritif avec les amis, l 'après-midi, c'était encore pour le mari la partie de boules avec les copains.
            Les femmes ne se plaignaient pas. C'était une coutume ancestrale.
          Lors des aubades de la fête patronale, les hommes célibataires ou mariés, prenaient (ce n'était pas une obligation) la « Cocarde du Comité ». Cette « Cocarde » leur permettait de participer le dimanche suivant, fête de la Madonette, à un banquet, préparé par les demoiselles d'honneur. Bien sûr, les femmes n'étaient pas conviées. Après les ripailles et la beuverie la plupart des hommes partaient jouer aux boules. Il y avait parfois un semblant de « baleti » sur la place, mais les cavaliers étaient peu nombreux. Le soir de la « Madonette » l'église était archi-pleine. C'était le retour de la statue dans sa loge après avoir passé la semaine devant l'autel. Pendant que lentement les hommes manœuvraient le système de glissière, les fidèles agglutinés devant la statue chantaient « Au ciel, j'irai la voir un jour » et beaucoup pleuraient en pensant à tous leurs chers disparus. Il fallait être de marbre pour ne pas ressentir une profonde émotion.
            Les estivants avaient pris le pli et se conformaient à la tradition de la « Cocarde du Comité ». C'était l'intégration complète.
        Voilà ce que j'ai vécu jusqu'à la guerre 39-40. Pendant les cinq années de guerre puis d'occupation, plus de festivités, c'était interdit. Seules perduraient les fêtes religieuses. Nous les jeunes, allions danser en cachette dans la laiterie tandis qu'un guetteur nous prévenait si des gendarmes pointaient leur nez.
            Il fallut attendre 1945 pour que la population ait encore le droit de s'amuser.

Ce fut la « Renaissance » !!!

Nice, mai 2014

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