Une histoire de chèvres... intelligentes.

Une histoire de chèvres... intelligentes.

          L'été, les vaches étant à l'alpage, chaque foyer avait sa chèvre, productrice du lait du ménage. Le matin les chèvres étaient rassemblées sur la place de la mairie et à tour de rôle chaque propriétaire de chèvre allait garder le troupeau. Qu'elles étaient jolies, ces indomptables biquettes avec leur peau de satin, leurs cornes luisantes, leurs jolis pendentifs soyeux sous les oreilles que nous, les enfants aimions caresser ! Jolies biquettes à faire pâlir de jalousie la belle petite chèvre de Monsieur Seguin.
           Le soir, les femmes attendaient le retour du troupeau sur la place. C'était le moment de la traite et les enfants qui essayaient de traire (sans résultat) se faisaient gronder vertement..
          Ce jour là, c'était le jour de garde de mon père, Monsieur Tremoulet. Muni de sa musette et probablement d'un outil afin de ramener des matériaux (buis, osier) pour faire râteaux, paniers, etc... Le voici parti avec le troupeau, vers la montagne loin bien sûr des champs cultivés.

 

 

Auguste tremoulet

Monsieur Auguste Tremoulet

            Vers la tombée du soir, les femmes étaient réunies sur la place, leurs récipients à la main, et le troupeau n'arrivait toujours pas. L'heure était largement dépassée et je commençais à m'angoisser sérieusement.
            Enfin, venant de la route, un joyeux tintement de clochettes. Bien serrées les unes contre les autres, fringantes, les pis pleins, elles descendent vers la place.
            Mais de berger, point !
           Dans les transes, je me précipite sur la route en hurlant : « papa » « papa » « papa » !!! Pas de réponse, et je cours toujours... Enfin, arrivée au « Vallon du Régina », me parvient une voix. « Je suis là , crie-t-il du haut de la cascade. Je suis bloqué, je ne peux pas descendre. Va chercher du secours ». Les sauveteurs, en moins de deux, escaladent la pente rocheuse, descendent mon père avec des cordes, et redégringolent sur la route comme des chamois.
           Ouf !
        Cette histoire a vite fait le tour du village. Quand Francis Gag « Tanta Vitaurina » réunit quelques amis autour d'une table ronde, se fait-il chaque fois raconter cette aventure. Ce poète nissart, auteur de pièces à succès, va chercher l'inspiration dans l'arrière pays. Parfois l'on reconnaît quelques mariols dans ses pièces (Sandri – Flurens – Larioù). La famille Gag a repris le flambeau, le théâtre nissart vit toujours et peut-être y parle-t-on de ces fringantes petites chèvres. 

Oh ! Les braves biquettes !

Nice, octobre 2013

 

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