Commémoration du 8 mai 2018

Commémoration du 8 mai 2018

Discours prononcé par Gérard STEPPEL, maire de Marie

à l'occasion de la commémoration de l'armistice de la seconde guerre mondiale

 

Messieurs les anciens combattants,

Mes chers amis Mariols,
 

   Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à tous nos compatriotes, qu’ils aient été des combattants de 1940, des Français Libres qui n’ont jamais cessé le combat, des Résistants FFI, des soldats de l’armée d’Afrique ou des Alpes, ces hommes, ces femmes se sont battus pour nous libérer de cette terrible oppression nazie et pour commémorer ensemble la fin d’un conflit dévastateur qui plongea l’Europe et le monde entier dans les ténèbres les plus sombres.

   Il y a 73 ans jour pour jour, le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie capitulait enfin après 6 années de combats et de barbarie, qui coûtèrent la vie à près de 50 millions de personnes.

« Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice humaine » écrivait Aragon.

   A défaut d’un tel outil, notre devoir est d’utiliser l’arme qui est à notre portée : la transmission de la mémoire.

   L’Europe avait déjà éprouvé les douleurs de la guerre. Elle fut marquée dans sa chair par l’horreur indicible de l’abject, de la déportation et de l’extermination.

   Ce sont les millions d’ombres des camps qui disparurent dans la nuit, juifs, tziganes, résistants, homosexuels…

« Ce qui a eu lieu est une abomination qu’aucune prière, aucun pardon, aucune expiation, rien de ce que l’homme a le pouvoir de faire ne pourra jamais réparer. »  témoignait Primo Levi.

   Ce cauchemar à l’échelle du monde a profondément marqué nos anciens, par pudeur ils n’en parlaient pas, ou très peu parfois entre eux. En cet instant, j’ai une pensée, nous avons une pensée, toute particulière pour ces combattants Mariols, Marcel BERNARD qui est tombé au champ d’honneur, les autres en sont revenus parfois après 5 longues années de captivité en Allemagne, loin de leur patrie, de leur village, je pense à Roger BIBIANIO, Jules BLANC, Angelin DONADEI, Alex STEPPEL, j’ai une pensée, nous avons une pensée pour ces jeunes gens embrigadés de force au Service du Travail Obligatoire le STO, Germain CIAMOUS, pardonnez-moi si j’oublie quelqu’un dans cette énumération.

   J’ai une pensée, nous avons une pensée, pour tous ces déportés, des juifs et des résistants, ces familles, ces enfants, ces femmes, ces hommes, raflés, par la lâcheté d’une collaboration, la plus vile, la plus honteuse. J’entends, nous entendons encore leurs voix, leurs cris, leur souffle, leurs pleurs. Bien peu sont revenus de cette déportation pour nous témoigner et nous transmettre.

  J’ai une pensée, nous avons une pensée pour le courage de celles et de ceux qui choisirent de continuer le combat, de résister, ces gaullistes, ces communistes, ces socialistes, ces républicains, ou ces simples citoyens.

   J’entends, nous entendons le Chant des partisans écrit en 1943 qui nous transperce au plus profond de notre âme, en voici le premier couplet :

« Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines,

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne,

Ohé ! partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !

Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes… »

et cette Marseillaise qui s’élevaient avec fierté et honneur devant les pelotons d’exécution comme dans les maquis.

   Je lis, nous lisons les mots de Guy MOQUET avant son assassinat :

«vous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui vont mourir».

   Les femmes et les hommes qui sortirent de l’ombre firent jaillir une lumière qui nous éclaire encore. C’est le Conseil National de la Résistance et son programme «Les jours heureux». De cette période est née la sécurité sociale, le droit de vote des femmes, le droit à la retraite et au logement.

   Des années qui suivirent est née l’Europe, inspirée par le rêve de ses bâtisseurs : rapprocher les femmes et les hommes afin d’installer de façon pérenne la paix sur notre continent.

   Commémorer c’est raviver la mémoire. Mais ce doit aussi être un appel à l’indignation, à la résistance et à la vigilance. A la vigilance, oui, car comme cela était le cas en Allemagne en 1929, dans une société qui souffre, il est plus commode de désigner des boucs émissaires que de s’interroger sur les causes du mal être économique et social qui divise et fait prospérer le repli sur soi.

   Notre devoir est de dire à nos enfants et petits enfants : aucune voix ne doit jamais manquer, même quand les temps sont durs, même quand la souffrance sociale frappe, pour refuser le chemin du nationalisme, de la haine et du racisme. La paix, la démocratie, les valeurs républicaines sont des combats de tous les jours et nous ne devons jamais baisser la garde.

   Et, à tous les survivants de cette horrible guerre, à tous ceux qui perpétuent aujourd’hui le message universel « plus jamais ça ».

   Avant de conclure, je souhaite rendre, nous devons rendre, un hommage à cet homme, le lieutenant colonel Arnaud BELTRAME, qui est devenu un héros national. Ce brillant officier de gendarmerie est le digne héritier de ces combattants de ces résistants à la barbarie, il en incarne l’abnégation, l’esprit de résistance et de sacrifice. En effet, face à cette guerre menée contre le terrorisme, il n’a pas hésité lors de la prise d’otage de TREBES à se substituer à l’un d’entre eux. Pour lui, ce fut « la patrie d’abord », un militaire dans son sens le plus noble.

   À tous ceux qui se mobilisent année après année pour le faire vivre, à tous ceux qui, présents parmi nous, se battent au quotidien pour une société plus juste et plus humaine,

   À tous ceux qui continuent de faire vivre le message d’espoir que faisait prospérer jadis la résistance,

À vous tous Mariols, démocrates, républicains,

À tous les enfants,

En mon nom et celui du conseil municipal,

Je vous remercie de votre présence, de votre action et du souvenir de mémoire qu’à travers vous tous, nous partageons.
 

Vive la REPUBLIQUE,

vive MARIE,

vive la FRANCE,

vive l’EUROPE,

et par-dessus tout vive LA PAIX

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