La mairie de Marie à la une du dernier numéro de la revue "Les Petites Affiches"

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Secrétaires de mairie : une indispensable revalorisation

Par Sébastien Guiné -- le 12 janvier 2024

Décryptage avec la sénatrice LR des Alpes-Maritimes Alexandra Borchio-Fontimp de la loi « visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie » promulguée le 30 décembre.

Pourquoi était-il urgent de légiférer sur la situation des secrétaires de mairie ?

 Il est fondamental de légiférer sur la situation des secrétaires de mairie car nous faisons face à un enjeu de taille pour ces chevilles ouvrières de la démocratie locale. Alors qu’un tiers des secrétaires aujourd’hui en poste partiront à la retraite d’ici 2030, il manque d’ores et déjà près de 2 000 secrétaires de mairie en France. En ce sens, il est essentiel de rendre attractif un métier aussi essentiel pour nos petites communes alors que plusieurs maires des Alpes-Maritimes me témoignent régulièrement du tandem qu’ils forment avec leur secrétaire de mairie.

En quoi consiste, aujourd’hui, le métier de secrétaire de mairie ?

 C’est un métier très diversifié et qui demande de la pluridisciplinarité. Dans les communes de moins de 2 000 habitants, les secrétaires de mairie participent à la rédaction du budget, à l’accueil du public, à l’organisation des élections ou des mariages, à la gestion funéraire, sans oublier la nécessaire connaissance des règles d’urbanisme ou encore la rédaction fréquente d’actes administratifs. Pour toutes ces raisons, il est aisé de comprendre que les secrétaires de mairie sont des maillons 3b0df11608063fba3ebd457cd99ca7incontournables de la vie communale. En d’autres termes, elles sont des « couteaux suisses » appelés à devenir de véritables « perles rares ».

La loi apporte-t-elle de la reconnaissance à celles (94 % des secrétaires de mairie sont des femmes selon un rapport de Catherine Di Folco) et ceux qui exercent ce métier, tout en permettant d’attirer ?

 La loi promulguée le 30 décembre est pour l’essentiel le fruit du texte voté par l’Assemblée nationale. Si je me félicite de constater certaines avancées, je suis convaincue que le texte n’est pas à la hauteur des promesses faites au Sénat par le ministre Stanislas Guérini, mais plus gravement pas à la hauteur des espoirs des secrétaires de mairie. Je me réjouis de voir acter la dénomination « secrétaire général de mairie » qui est selon moi, au moins sur le plan symbolique, une belle reconnaissance de la diversité des fonctions présentes dans ce métier et permet d’acter une véritable existence juridique. Je reconnais également le bien-fondé de la disposition permettant aux secrétaires de mairie de catégorie C de bénéficier d’une promotion interne en catégorie B.

Quelles sont les limites de cette loi, que faudrait-il faire de plus ?

 Première lacune de ce texte et pas des moindres : il n’est pas prévu de revalorisation de la rémunération alors qu’il s’agissait pourtant de la première demande des agents. Le texte promulgué ne présente par ailleurs aucune mesure d’attractivité ni aucune perspective de carrière au-delà de la catégorie B. Plus grave, il ne prévoit aucun accompagnement financier des communes alors que le Sénat avait initialement proposé une dotation d’amorçage pour les communes les plus défavorisées financièrement afin de leur permettre de revaloriser leur secrétaire général de mairie.

L’article 6 prévoit un rapport sur la pertinence notamment de créer un diplôme au niveau national. Pouvez-vous nous parler de l’initiative locale à laquelle vous participez avec l’ADM06, le CDG06, le Département et l’Université Côte d’Azur ?

 La mise en place d’une réflexion sur les formations supérieures préparant au métier de secrétaire de mairie et sur la pertinence de créer un diplôme au niveau national est une très bonne chose même si le délai d’un an pose question quand on connaît les moyens dont peut bénéficier l’Etat. Nous n’avons plus le temps d’attendre face au défi colossal qui se présente à nous ! C’est pourquoi, j’ai souhaité en étroite collaboration avec l’Université Côte d’Azur, l’association des maires des Alpes-Maritimes, l’association des maires ruraux des Alpes-Maritimes, l’Agence06, le Centre de Gestion des Alpes-Maritimes et le Département, lancer dans les Alpes-Maritimes une certification reconnue nationalement. À ce titre, nous travaillons en collaboration avec tous les acteurs de terrain à la réalisation d’une formation diplômante permettant, d’une part, de permettre aux secrétaires de mairie déjà en poste de continuer de se former sur des aspects techniques et, d’autre part, de faire naître des vocations chez des étudiants titulaires d’un bac +2 ou chez des personnes en quête d’une reconversion professionnelle. Dans tous les cas, nous finaliserons les derniers détails au cours des prochaines semaines et nous annoncerons le contenu exact de cette certification qui sera reconnue sur l’ensemble du territoire français.

Secrétaires de mairie : pour Gérard Steppel, « il faut que ces Bf9bb270256dc4420c039227c31a38personnes soient reconnues »

Par Sébastien Guiné -- le 14 janvier 2024

Pour le maire de Marie, Gérard Steppel, il est « légitime et normal » de relever le niveau de recrutement des secrétaires de mairie.

Métier en tension

Le métier existe dans plus de 29 000 communes et fait partie des 12 métiers les plus en tension de recrutement de la fonction publique territoriale.
La nouvelle loi prévoit, à partir du 1er janvier 2028, que les maires des communes de moins de 2 000 habitants nomment un agent classé au moins de catégorie B pour assurer les fonctions de secrétaire général de mairie et que les maires de 2 000 habitants et plus nomment un agent de catégorie A en tant que secrétaire général de mairie ou bien choisissent un Directeur général des services.
Dès mai 2024, les secrétaires de mairie de catégorie C pourront bénéficier d’une promotion interne en catégorie B.
Pour Gérard Steppel, maire de Marie, commune de 109 habitants, « c’est très bien qu’il y ait cette loi. Il faut que ces personnes soient reconnues compte tenu de leurs responsabilités au quotidien dans la gestion de la collectivité. Il est légitime et normal de relever le niveau de recrutement de C en B. Et pour attirer, il faut que les secrétaires de mairie soient payé(e)s à la hauteur de leurs compétences et de leur engagement ». « Avant, des personnes intégraient la commune et apprenaient le métier sur le tas. C’était souvent l’instituteur, s’il y avait une école, qui était secrétaire de mairie. Aujourd’hui, ce métier demande de plus en plus de technicité ».
Gérard Steppel, inspecteur des Finances publiques conseiller aux décideurs locaux, est bien placé pour évoquer la technicité comptable «  en plus de l’état civil, de l’urbanisme, du social…  ». «  Le secrétaire de mairie est un collaborateur de haut niveau que l’élu doit avoir pour être conseillé, accompagné et sécurisé ». À l’instar de la sénatrice Alexandra Borchio-Fontimp, le maire de Marie s’interroge sur le coût supplémentaire à venir pour les communes. « Mais il ne faut pas que ce soit un frein », assure-t-il.

« J’adore mon métier, on touche vraiment à tout »Mairie marie page 3

Maryse Deligne, secrétaire de mairie depuis 1995, met avec enthousiasme toute son expérience au service de deux villages de l’arrière-pays niçois : trois jours par semaine à Marie, deux à Bairols.

Elle affronte sans rechigner les 200 kilomètres hebdomadaires, les intempéries et, malheureusement encore souvent, les coupures internet. Loin d’éprouver une certaine lassitude, Maryse Deligne est toujours aussi passionnée par son travail de secrétaire de mairie. «  J’adore mon métier, on touche vraiment à tout : état civil, budget, élections… C’est très enrichissant ». Et elle rappelle qu’elle est là «  pour aider les gens », n’hésitant pas à prendre le temps de débloquer un dossier de la CAF si nécessaire. Maryse Deligne, qui fait partie des agents inter-communaux, reconnaît que son travail est devenu plus complexe avec l’avancée de la dématérialisation, censée pourtant simplifier bon nombre d’opérations. Malgré la fibre, les petits villages souffrent parfois de « coupures intermittentes », soupire-t-elle.
Maryse Deligne fait la liste des qualités nécessaires pour exercer ce métier aux multiples facettes : «  avoir les épaules solides, être très organisée, avoir une grande adaptabilité, être perspicace et ne pas avoir trop d’ego car il ne faut pas hésiter à demander de l’aide quand on ne sait pas ». Elle explique qu’il lui arrive de «  se rapprocher de grosses collectivités comme Nice ou Cagnes-sur-Mer  » pour être conseillée. « J’ai de bons contacts et les personnes jouent le jeu ». Elle peut aussi compter sur le Sictiam (Syndicat Intercommunal des Collectivités Territoriales Alpes Méditerranée) en tant que prestataire de logiciels informatiques (pour la population, les ressources humaines et la gestion financière). «  C’est primordial pour nous, ils nous sont indispensables », assure-t-elle.
Enfin, « il faut une grande confiance réciproque  » entre maire et secrétaire. Ce qui est son cas avec Gérard Steppel à Marie et Jacques Demaurizi à Bairols.
Maryse Deligne fait partie de la catégorie B, avec le grade de rédacteur principal (1re classe), et elle se réjouit qu’avec la nouvelle loi tous les secrétaires de mairie seront au minimum de la même catégorie. « C’est sûr qu’il faut revaloriser pour attirer ». Mais elle se demande comment sera assuré le financement car certaines communes sont déjà « sur le fil  ».

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